These_Elsa_CLAVEL |
Source: https://hal.inria.fr/tel-01552307v2
A partir de la fin des années 1870, l’enseignement supérieur en France connaît d’importantes mutations liées aux réformes de la Troisième République. La faculté des lettres de Bordeaux, qui s’installe en 1886 dans le « Palais des Facultés » – un des tout premiers en France – au centre-ville de Bordeaux, permet d’observer les bouleversements qui touchent autant les enseignants que les étudiants de plus en plus nombreux, mais aussi le cursus universitaire et les disciplines enseignées. La faculté des lettres de Bordeaux acquiert une certaine spécificité au cœur d’un mouvement national : l’innovation de la « science sociale » avec Emile Durkheim, le développement de la géographie coloniale en sont quelques exemples. Près d’un siècle plus tard, au cours des années 1960, la faculté des lettres de Bordeaux se distingue encore avec l’écriture d’une histoire de Bordeaux sous la direction de Charles Higounet, inédite alors pour une métropole en France et en Europe. Une étude prosopographique distingue quelques caractéristiques d’un corps professoral, souvent passé par les grandes écoles, pour lequel la faculté des lettres de Bordeaux peut constituer autant un tremplin vers Paris que la réalisation d’une longue carrière universitaire. L’analyse des dossiers des étudiants montre le mouvement de massification qui touche l’enseignement supérieur ainsi que sa féminisation et une relative diversification des origines sociales. La faculté des lettres de Bordeaux, siège de ministères au début des deux conflits mondiaux, est, enfin, engagée dans les grands enjeux politiques, de l’affaire Dreyfus à Mai 68 tout en s’insérant au cœur de l’Aquitaine et en s’ouvrant au monde, plus particulièrement aux territoires d’outre-mer et de culture hispanique. La faculté des lettres de Bordeaux est donc un reflet de la démocratisation progressive de l’accès à l’éducation et de ses limites, mais aussi des changements structurels de la société française de la fin du XIXe siècle à 1968.
Extrait parlant de la Faluche : “Le déroulement de la journée de « la faluche » est évoquée dans les procès-verbaux du Conseil de l’Université en 1951 1952 1954 et 1955 pour des débordements. Il n’y a pas mention d’étudiants de lettres mêlés à ceux-ci, mais le 23 juillet 1954, quatre étudiants – deux sont étudiants en droit, un en médecine, un autre en sciences – sont présentés devant le Conseil pour « désobéissance à l’interdiction formelle pris par M le
Recteur de toute manifestation pour la journée de la Faluche, Invasion de locaux d’enseignement par des individus étrangers aux établissements intéressés et troublant le libre exercice de l’enseignement public ». Ces étudiants s’étaient rendus dans le « Palais des Facultés ». Deux d’entre eux ont eu une « réponse insolente envers le doyen de la faculté des lettres ». Dans le compte-rendu de la séance, le doyen de la faculté des sciences « regrette d’avoir à constater une sorte d’hostilité de la part de certains manifestants à l’égard de leurs maîtres ». Les quatre étudiants sont sanctionnés par une réprimande. Enfin, la dernière affaire concernant la faculté des lettres de Bordeaux concerne l’année 1965.”