Prologue
Cette thèse peut paraître légère sur son contenu avec tout ce que nous connaissons maintenant. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte.
A l’époque (en 1990), la Faluche renaissait de ses cendres après toute la vague de mai 1968 et l’omniprésence d’associations politisées. La Faluche avait perduré grâce à des filières longues comme Médecine ou pharmacie, mais sans cela, elle n’aurait été qu’un vague souvenir du folklore étudiant. Nous ne connaissions à peine l’histoire de la Faluche et certains avançaient même le fait que les étudiants avaient ramené la Faluche de Venise!!!!
Guy Daniel a donc fait des recherches et rassemblé les connaissances de l’époque dans cette thèse qui est la base de tout les travaux qui existent maintenant. La Faluche doit donc avoir une grande reconnaissance à ce que vous allez lire ci dessous.
Merci Docteur
P’tit Joe
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La faluche, histoire, décryptage et analyse, Guy Daniel, thèse pour le doctorat en médecine, Lille, 1990
Autrefois, arborée fièrement par tous les carabins et leurs condisciples des autres facultés qui revendiquaient et affirmaient ainsi leur qualité estudiantine, la faluche, dérivant de la coiffure des étudiants de Bologne, fut peu à peu délaissée. Cet abandon accompagnant la libéralisation des mœurs et le déclin des valeurs traditionnelles. Son “culte” fut cependant passionnément, parfois amoureusement, et souvent secrètement entretenu par une poignée d’étudiants, presque une secte, notamment en médecine, pharmacie, et droit et tel le phénix, elle connaît aujourd’hui un regain de succès.
Notre travail s’efforce de rappeler l’histoire de cette coiffure estudiantine, la signification des multiples insignes et rubans qui composent ce surprenant tableau, ainsi que la charge ém9tionnelle et exutoire que symbolise la faluche.
PREAMBULE
Après de nombreuses années passées en faculté de Médecine de Lille, voici venu le terme : la thèse de Doctorat d’Etat en Médecine.
Membre du conseil de l’UER médicale n° 2, de la faculté de médecine réunifiée, du conseil de l’université de Lille II : droit et santé, du conseil d’administration du CROUS de Lille dans le collège étudiants, vice-président 1977 et 1978 puis Président de l’A.C.E.M.L. en 1980 et 1981, secrétaire général de l’ANEMF en 1981, nous souhaitions soutenir notre thèse de doctorat d’Etat en médecine a propos d’un sujet d’ordre général ayant rapport aux études médicales.
Après deux années actives passées au service du folklore carabin, nous nous sommes orientés sur ce sujet. Nous en étant ouvert au Professeur FOURRIER, notre Doyen honoraire, c’est très spontanément qu’il accepta la présidence du Jury.
REMERCIEMENTS
A mes grands parents
Vous n’avez pas connu ce travail, vous en auriez été si fiers …
A mes parents
Vous m’avez aidé et encouragé tout au long de mes études.
Que ce travail soit pour vous l’expression de ma profonde affection et de ma reconnaissance filiale.
A ma sœur, a mon beau frère
A ma filleule
En témoignage de ma reconnaissance.
A Alain, Jean Marc et Marc
Vous m’avez précédé à l’association locale.
A Henry-Jacques, Pierre et Philippe
Nous nous sommes connu au niveau national.
A Patrick
Mon complice pour la Faluche.
A Eric
A tous les membres des bureaux locaux et nationaux que j’ai croisés.
La “corpo”, c’est un peu une deuxième famille.
A tous les faluchards passés, présents et j’espère, à venir.
Au personnel de l’A.C.E.M.L., sans les citer individuellement pour ne pas créer de préséance
Vous avez supporté mes “coups de gueule”.
J’ai souvent trouvé en vous des collaborateurs dévoués …
A MON MAITRE ET PRESIDENT DE THESE |
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. Professeur de clinique des maladies infectieuses |
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Nos relations furent souvent officielles Doyen de notre faculté et Nous président des étudiants. Nous avons toujours trouvé un interlocuteur attentif à nos problèmes, cherchant toujours à un juste accord à nos préoccupations. Aujourd’hui vous acceptez la présidence du jury. Veuillez, en ces quelques mots, trouver une grande reconnaissance. |
A MES JUGES |
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. Doyen de la faculté de médecine de LILLE |
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Les étudiants avaient trouvé en vous un pionnier, dix ans avant la loi: le stage auprès du praticien. Doyen, vous êtes attentif à la défense de ce patrimoine estudiantin: le folklore… Aujourd’hui, vous acceptez de juger ce travail. Veuillez trouver ici l’expression de notre gratitude. |
CHAPITRE I :
LES ETUDIANTS SE TROUVENT UNE COIFFURE
L’historique de la faluche se comprend plus facilement quand on le replace dans son contexte.
Contrairement aux allégations largement répandues, la faluche n’est pas la coiffure des étudiants du début du XXème siècle et elle ne fut pas ramenée de Venise.
1884 correspond, en France, à la publication de la loi réglementant le syndicalisme. Le monde étudiant va se montrer réceptif aux idées d’association.
C’est à la suite d’un article paru dans le “Cri du peuple” insultant l’étudiant, déclarant “qu’il ne s’affirme guère que par une indécence de babouin greffée sur une bêtise de rhinocéros” que des manifestations violentes, suivies de bagarres, eurent lieu devant le bureau du journal. Durant les réunions qui eurent lieu à ce sujet, l’association générale des étudiants prît naissance en 1884.
Quelques élèves de l’école de médecine en sont le noyau, présidé par BOUREAU puis DELCAMBRE (sciences), en fait considéré comme le fondateur de l’A. L’entreprise de défense des intérêts corporatifs se développe, la grande solidarité escholière du moyen-âge hante les esprits.
Le recteur GERARD accorde son patronage et le professeur LAVISSE, sa présidence d’honneur. Les relations internationales s’ébauchent.
Le 12 juin 1888, les étudiants français participent aux 800 ans de l’université de Bologne. C’est la plus grande rencontre de costumes et de coiffures écolières du monde. Leurs Vêtements sombres, uniquement égayés d’une cocarde à la boutonnière et d’un ruban en sautoir aux couleurs de la ville de Paris “faisait pauvre”. Ils le sentent et, une heure après leur arrivée, ils adoptèrent le béret des étudiants bolonais dont ils rapportent la mode à Paris.
Retour a Paris le 25 juin, réception des étudiants à la gare de Lyon. Harangue de E. CORBIN, étudiant en médecine, qui tire l’enseignement de la rencontre.
C’est ainsi que naquit notre faluche.
Les étudiants participèrent en tant que corps constitué à la vie officielle de l’université en France et à l’étranger, ils défilèrent derrière la bannière de l’Association générale.
En août 1889, ils participent à l’inauguration de la nouvelle Sorbonne. Répondant à l’invitation de leurs collègues montpelliérains, ils sont des fêtes données pour le VIème centenaire de l’université de Montpellier.
Planche 1
Fig 1: Les départs des bateaux de Palavas pour Aigues Mortes d’après photographie instantanée de M.Zalesky, étudiant en médecine. Parue dans le VIème centenaire de l’Université de Montpellier par H. Rouzaud p.210. Cliché service photographie, bibliothèque nationale.
Le drapeau des Etudiants.
Fig 2: Drapeau de l’association générale des étudiants de Montpellier. Gravure parue dans le VIème centenaire de l’Université de Montpellier par H. Rouzaud p.84. Cliché service photographie. Bibliothèque Nationale.
Ces fêtes se déroulent du 22 au 25 mai 1890, sous la présidence de M. CARNOT président de la République Française. Celui-ci remettra à GUY, Président de l’association générale des étudiants de Montpellier, le drapeau de l’association qui le passera à PLANCARD porte-drapeau de l’A.G.E.M. (Association Générale des Etudiants de Montpellier).
Le 26 mai, les étudiants montpelliérains avaient convié leurs collègues venus des autres Universités Françaises et Européennes, à une excursion à Aigues-Mortes après un banquet sur la plage de Palavas.
Lors du départ des bateaux, M. ZALESKY, étudiant en médecine, immortalise la scène et l’on voit des étudiants montpelliérains porter la faluche. Celle-ci comporte des crevés. D’autres ont une faluche traditionnelle à fond plein.
Il semble donc que très tôt les étudiants montpelliérains aient adopté la faluche que nous leur connaissons actuellement.
Enfin, tous ont une faluche de dimension respectable plus importante qu’actuellement, mais dont le fond est vierge, sans insignes ni rubans.
CHAPITRE II :
LA FALUCHE, LES INSIGNES
Si la faluche est la coiffure traditionnelle des étudiants français, il existe deux faluches. Une faluche est commune à toutes les facultés françaises et l’autre dont le fond est crevé, est l’apanage de l’université de Montpellier.
Plusieurs maisons fabriquent ce couvre-chef.
La faluche montpelliéraine n’a qu’un seul fabricant, la maison GROFF. à Montpellier, l’autre est fabriquée soit par un artisan tailleur ou couturière, soit par un chapelier.
Nous étudierons les fabrications des différentes maisons afin de dégager la faluche la mieux adaptée au code et au budget de l’étudiant.
La maison GROFF fournit les faluches des étudiants montpelliérains. Le fond de cette faluche est crevé suivant deux diamètres perpendiculaires. Les “crevés” sont à la couleur de la discipline. Elle est confectionnée à la main, elle est doublée. Les crevés à la couleur de la discipline imposent une fabrication artisanale ou la constitution de stock important, ce qui ne peut que rendre le coût de cette faluche onéreux.
La maison LEGRAND, tailleur à Tours, fournit principalement les carabins et les potards de Tours, ainsi que les carabins de Reims.
Clermontois, Limougeaud, Toulousains, recourent aux services d’une couturière de proximité.
Les caractéristiques de ces différentes productions sont sensiblement identiques.
Elles ont donc les mêmes défauts : elles ne sont pas doublées, rendant difficile la constitution d’un potager par l’étudiant, le bandeau est à la couleur de la discipline, il n’est renforcé ni par une bande ni par un cuir.
La maison BALL à Strasbourg réalise la plupart des faluches pour les Strasbourgeois. Cette faluche est doublée, ce qui lui assure une certaine tenue, le bandeau est réalisé en velours noir, il est renforcé par une bande de jute. Pour maintenir le ruban de discipline, le bandeau comporte quelques passants.
La maison TEXIER, tailleur à Paris, confectionne quelques faluches. Elle propose des faluches dont le fond est plus grand.
Enfin, la chapellerie JEAN à Roubaix, fabrique des faluches. Cette faluche est constituée d’un fond doublé de 50 cm de diamètre, d’un bandeau renforcé à l’origine par une bande de jute remplacée depuis deux ans par une bande de plastique souple. Sur ce bandeau est rabattu un cuir qui peut être constitué de matériau cartonné ou de plus en plus de cuir véritable. Cette faluche a beaucoup d’avantages : sa fabrication mécanisée lui assure un prix attractif, compatible avec le budget d’un étudiant ; le fond est doublé : l’étudiant peut constituer son potager. Le bandeau renforcé de plastique facilite la mise en place du ruban de discipline. Le cuir rabattu à la face interne du bandeau protège le velours de la sueur de l’étudiant, de plus, il évite l’altération rapide des insignes placés sur le ruban.
Planche 2:
Fig 3: Faluche Montpelliéraine
Maison GROFF à Montpellier
Fig 4: Faluche “Tourangelle”.
Maison LEGRAND à Tours
Fig 5: Faluche “Lilloise”
Chapellerie JEAN à Roubaix
Enfin, dernier point, la hauteur du bandeau s’est toujours accrue au cours du temps. Les faluches de nos Maîtres ont un bandeau de 22 mm de haut, actuellement il mesure 32 mm. Sa dimension est bâtarde, les rubans du commerce ont une largeur de 22 mm ou d’environ 36 mm.
La faluche idéale pourrait se définir de la sorte : fond doublé de 50 cm de diamètre, bandeau de 37 mm de hauteur, renforcé d’une bande de cellulose, rabattu d’un cuir véritable, conférant à la faluche une belle présentation pour les cérémonies officielles, et une longévité.
Les insignes qui ornent les faluches ont une origine qu’il est difficile de préciser. La consultation des documents d’époque ou l’interrogatoire des artisans qui fabriquent ces insignes, n’apportent pas de précisions quant à savoir qui a choisi le graphisme de ces pièces. L’étudiant a-t-il puisé dans le stock de pièces qui existait ? a-t-il fait une commande originale à une époque où, aux dires de tous les artisans, la création de matrice coûtait peu chère et où la vogue de l’estampage était grande?
Diverses maisons ont réalisé ces insignes.
Deux productions nous sont parvenues : l’une produisant des badges, l1autre des pièces estampées à froid par repoussage.
La maison DELANDE, installée Boulevard St-Michel à Paris, a produit pour un client bordelais des badges. Cette production se situe dans les années 40. Ces badges émaillés étaient montés sur broche. Ces pièces ont dû servir comme insignes de discipline. Il nous en est parvenu quatre types différents la tête de mort pour la médecine, le palmier pour la pharmacie, la cornue et le ballon pour les sciences, la balance pour le droit. Ces objets sont présentés en illustration.
La maison MOURGEON à Paris produit des insignes pour les faluches depuis 1925. C’est actuellement la seule maison à commercialiser des insignes pour les étudiants. Ces pièces sont réalisées par estampage.
La fabrication de la pièce débute par la gravure d’une matrice composée d’un moule en creux appelé coin et d’un moule en relief ou contrepartie. L’outil obtenu est durci par trempage.
Il est ensuite confectionné ” l’outil de découpe” qui éliminera le rejet de la pièce.
La fabrication de la pièce consiste à emboutir un flan et à éliminer le rejet. La pièce obtenue reçoit deux pattes à sa face postérieure par soudure, elle est ensuite décapée par trempage dans un bain d’acide, ce qui lui donne son aspect brillant.
Certaines pièces sont argentées par dépôt d’argent métal par électrolyse.
Elles acquièrent leur patine par outrage du temps.
CHAPITRE III :
DU CODE DE LA FALUCHE
Le code de la faluche est le document clé pour la constitution de la faluche actuellement.
Si un code est un ensemble de lois ou de règlements qui régissent une matière spéciale, précise le LAROUSSE, nous pouvons affirmer qu’il y eut deux périodes une période de transmission orale et une période de transmission écrite.
Nos Maîtres, interrogés à ce sujet, ne connaissent pas l’existence d’un code. Quelques principes s’affirmaient la notion de couleur du bandeau de discipline, l’existence d’insignes en fonction de la faculté d’origine, l’utilisation d’étoiles dorées ou argentées pour indiquer les années. D’autres insignes existaient poursuit le Pr. DEPREUX “l’étudiant cherchait à remplir le velours sans qu’il y ait de code”.
Les premières transcriptions datent des années 1960. Deux codes particulièrement ont dominé : un code lillois et un code toulousain. Cet état de fait conforte l’idée d’une transmission orale de la coutume.
D’autres codes ont existé, Lyonnais, Strasbourgeois. Aucun code Montpelliérain ne nous est parvenu, cet’ état de fait s’explique par le fait que la faluche montpelliéraine soit particulière et qu’elle soit distribuée par une seule maison.
Ces codes sont insérés en annexe pour en assurer leur sauvegarde et la compréhension de l’ouvrage.
Le code de Toulouse est un document complet paru dans le Midi Etudiant, organe d’information de la fédération des étudiants de Toulouse dans son numéro de mars 1966.
Ce code est d’inspiration juridique rédigé sous forme d’un code de droit français,’ il comprend des dispositions générales et particulières, il est organisé en articles.
Le code Lillois est un document incomplet, réalisé à partir de données recueillies auprès de feu Mr. MIRQU, commerçant qui vendait les faluches aux étudiants Lillois. Paru dans le MIL, médecine information Lillois journal de l’association corporative des étudiants en médecine de Lille, dans son numéro de rentrée 1975-1976. Sa disposition n’adopte pas le caractère juridique renforçant encore l’idée de transmission orale sans règle figée , énoncée précédemment. Il est à noter qu’aucun des deux codes ne précise la place occupée par les insignes sur le velours, il n’est pas annexé de schémas d’organisation de la faluche.
Ces codes présentent quelques différences:
Le code de Toulouse donne la liste de diverses écoles ou facultés où la faluche devait être portée. Il précise les couleurs et la matière du ruban de discipline, attribue un symbole à chacune d’elles. Il instaure une distinction entre les disciplines du secteur médical, leur réservant un ruban de velours, et les autres, sciences, lettres, commerce …, a qui il confère un ruban de satin. Lille ne marque pas cette différence et jusqu’aux années 1980, les rubans de satin et de velours pour les disciplines médicales cohabiteront.
Une particularité est typiquement lilloise, à savoir, l’utilisation d’un ruban annexe, il est utilisé pour différencier les étudiants des universités lilloises de ceux de la faculté catholique de Lille. Pour les facultés d’Etat, il est amarante, pour la faculté catholique il est blanc, c’est ce mode de différence qui s’imposera à toutes les villes universitaires. Cela tient à une particularité lilloise, cette faculté est la seule à accueillir des carabins.
A Toulouse, il est prévu l’emploi d’écusson de tissu pour figurer la ville universitaire, celui de la province peut parfois l’accompagner. Lille préfère l’écusson en métal émaillé.
La différence majeure entre ces deux codes réside dans le fait que pour les Lillois, seuls les membres des bureaux des associations ont droit à des rubans, alors que les Toulousains prévoient un ruban pour les membres de l’association et pour les dirigeants siégeant aux bureaux.
Ce sera toujours une demande expresse de certains Lillois, notamment ceux qui présentent la revue de Médecine à Lille, qui se choisiront chaque année un ruban de couleur différente pour symboliser leur appartenance à une structure.
Avant de poursuivre l’étude, nous devons rapporter quelques particularités.
Montpellier et la faculté catholique de Lille utilisent toujours, pour les disciplines médicales, des rubans de satin.
Un code de la faluche de Paris, daté de 1966, utilise la cornue et le ballon comme insignes de discipline pour les sciences.
Enfin, plus intéressante est l’étude d’articles concernant la faluche, parus dans le SANTARD journal des élèves de l’école du service de santé des armées de Lyon et plus particulièrement celui contenu dans le numéro 16 de 1981. Cet article présente le croquis de la faluche d’un élève. Deux éléments sont intéressants à noter. Les insignes n’ont pas de place définie sur le velours. L’utilisation d’un ruban aux couleurs de la ville de Lyon, bleu et rouge. Ce ruban, placé du frontal à l’occipital, a longtemps été utilisé par les Lyonnais.
1976 marque un tournant dans le code de la faluche.
Pourquoi la nécessité de faire une synthèse des différents codes s’est-elle imposée ? Au cours de quelle réunion ? Quels sont les étudiants qui firent la synthèse ? autant de questions qui restent sans réponses précises. La synthèse se fit à Lille le 8 mars 1976.
Ce code fut largement diffusé, son application fut pratiquement nationale, lié au fait que dans le mouvement associatif, tant en médecine, pharmacie, chirurgie dentaire, qu’en droit, des Lillois ont toujours occupé des postes de responsabilités aux bureaux des associations monodisciplinaires nationales.
Ce code traite des faluches, omettant de parler de la faluche montpelliéraine, il est fortement inspiré du code de Toulouse tant dans sa forme que dans le fond.
La distinction pour les rubans de discipline entre les matières médicales et les autres, est adoptée le velours pour le secteur santé, le satin pour les autres.
Le ruban accessoire sur lequel se place l’étoile de première année, perd sa couleur amarante pour devenir bleu.
La faculté catholique se voit confier un satin rouge et blanc comme à Toulouse, mais cette disposition ne se traduira jamais dans les faits tout au moins à Lille.
Les étudiants en médecine adoptent le caducée médecine comme emblème de discipline. La tête de mort sur fémurs qui avait été le premier emblème, devient celui du PCEM 1, commun aux futurs médecins et chirurgiens dentistes.
La révolution, pour ce code, est constituée par l’adoption de divers rubans. Le code détermine également divers côtés : coté officiel et personnel. Le côté personnel reçoit les rubans aux couleurs de la province natale et de la ville natale, le côté officiel le ruban de l’association locale, le ruban tricolore quand l’étudiant fait partie du bureau national et un ruban jaune pour les élus au conseil de faculté et d’université. Ce ruban est directement lié à la loi de réforme de l’enseignement supérieur suite aux événements encore récents de 1968.
Ce code est toujours imprécis quant à la date de création de la faluche, se bornant à retranscrire “une soixantaine d’années” comme les codes imprimés une dizaine d’années auparavant.
A Toulouse, en décembre 1986, la date de création de la faluche est précisée. Certaines dispositions entrent dans le code la notion de grand maître, garant de la tradition, il est charge de décerner certains insignes.
Pour la première fois il s’agit d’un code qui se veut national
Il prend en compte la faluche montpelliéraine.
En 1988, lors du centenaire de la faluche, le code 1986, trop récent, est peu diffusé, notamment pas à Lille, d’où l’idée de célébration du centenaire partira. Il sera procédé à une nouvelle rédaction qui prend en compte divers codes.
Reprenant les dispositions toulousaines concernant les rubans de disciplines, il adopte les dispositions lilloises concernant les facultés catholiques. Il confère aux étudiants membres de chaque association locale, un ruban.
De lecture plus facile, il est aujourd’hui largement utilisé.
Depuis 1988 la faluche connaît un regain d’intérêt et de nombreuses filières qui n’avaient pas de faluches souhaitent s’en constituer une ; c’est le cas des IUT, cela pourra être chose faite à Lille le 23 juin 1990 – date de la Convention Nationale de la faluche.-
Nous devons maintenant passer en revue les divers symboles utilisés pour confectionner les faluches. Nous ne nous limiterons qu’à mettre en lumière certains symboles qui, à travers les codes, ont eu des significations différentes.
Le baccalauréat est symbolisé par une lettre. Les baccalauréats traditionnels : Philosophie, mathématiques élémentaires actuellement bac des séries A et C sont symbolisés par leur lettre grecque respectivement phi et epsilon. Celui de sciences expérimentales, l’actuel bac de série D, par la combinaison des deux, l’usage ayant consacré l’ordre phi-epsilon. Les autres séries créées furent symbolisées par une lettre majuscule de 18 mm de hauteur. Depuis cette année, le bac B est symbolisé par une lettre Bêta.
Planche IV:
Fig 8: Détail des rubans de discipline utilisés à LILLE
surmontés des insignes de disciplines correspondantes.
Fig 9: Insignes de discipline.
Maison MOURGEON à Paris.
Les insignes de discipline ont peu varie.
Pharmacie a toujours eu pour symbole la coupe et le serpent, les chirurgiens-dentistes la molaire.
Médecine, d’abord symbolisée par la tête de mort sur fémurs croisés dont il a existé deux modèles : l’actuel et un modèle plus grand. C’est donc en 1976 que médecine adopte le caducée du service de santé comme insigne de discipline.
Les Sciences ont eu, suivant les codes, deux insignes de discipline différents : les palmes croisées de chêne et de laurier ou la cornue et le ballon. Les palmes ont pris le dessus.
Il faut noter le fait que nos voisins belges utilisent pour leurs coiffures traditionnelles, les mêmes insignes. Si le caducée de médecine est semblable, hormis les lauriers, les pharmaciens utilisent la coupe sur serpent, les scientifiques la palme, les chimistes la cornue et le ballon. Les Belges possèdent plus de symboles que les étudiants français.
Pour faire figurer ses années d’études, l’étudiant place une étoile par année d’études, l’étoile est dorée, elle est argentée pour les années doublées. Une polémique persiste quant à savoir Si l’étoile doit être placée en début ou en fin d’année. Si l’on examine les différents codes que nous possédons, ils parlent d’année carrée, or, dans le langage étudiant, l’année carrée est l’année que l’on reprépare.
La tête de vache symbolisant l’échec aux examens de juin, passe du velours sur le ruban de discipline.
La tête de mort sans fémurs a changé de place, du velours elle passe sur le ruban. Pour certains, elle symbolise l’année que l’on n’a pas validée, même en septembre. L’étude des divers codes montre que la tête de mort sans fémurs partage avec le pendu, la signification suivante échec dans une discipline. Cette signification lui a été rendue’ en 1988 concernant la tête de mort sans fémur.
Le ruban reçoit, par ailleurs, des palmes symbolisant les diplômes obtenus. En médecine, la division du cursus en trois cycles avait entraîné la multiplication des palmes, l’étudiant en arborant une à chaque fin de cycle. En 1989, il fut décidé d’adopter les dispositions en vigueur à Montpellier, d’utiliser 4 types de palmes : les palmes traditionnelles vendues sous le vocable palme lycée pour les diplômes DEUG, licence, doctorat, diplôme d’Etat ; soit les diplômes reconnus sur le marché du travail. Les palmes de 18 et 36 mm sont respectivement utilisées pour la fin d’un cycle d’études et le major de l’année. Une petite palme de 9 mm est employée pour les certificats complémentaires, notamment pour les étudiants en médecine préparant les certificats de Biologie humaine.
L’étudiant fait figurer également sur le ruban, ses initiales, son surnom, et l’année d’obtention du baccalauréat.
Planche V:
Fig 10: Insignes utilisé par les élus de conseils d’UFR et d’Université.
Maison MOURGEON à PARIS.
Fig 11: Insignes utilisés sur le velours;
Maison MOURGEON à PARIS.
Fig 12: Insignes utilisés sur la doublure.
Maison MOURGEON à PARIS.
Un insigne officiel est d’apparition récente, il s’agit de la grenouille. Elle traduit l’élection de l’étudiant au conseil de sa faculté, grenouille argentée, ou dorée pour une élection au conseil d’université. Elle se place sur un ruban jaune placé du frontal à l’occipital. Si elle fut introduite en 1976 dans le code, les étudiants n’en disposeront qu’en 1982, après qu’un lillois la réclama avec insistance auprès d’un détaillant, sans fournir de graphisme.
D’autres insignes prennent place sur le velours. Ils sont présentés en illustration. Nous en étudierons quelques-uns quand ils présentent un intérêt anecdotique.
Il y a toujours eu inflation quant aux insignes utilisés.
Le cochon symbolise le bizutages, il est parfois remplacé par un sanglier. Leur graphisme sensiblement identique fait que certains vendeurs peu attentionnés, ont confondu l’un et l’autre. Aujourd’hui, le sanglier a une signification précise, il trône sur la faluche d’un étudiant né dans les Ardennes.
Le chameau, qui n’est qu’un dromadaire, est utilisé pour préciser Si l’étudiant a le cœur pris ou libre. Le chameau est-il à l’endroit et le cœur est libre, est-il les pattes en l’air et le cœur est pris.
Le pendu est utilisé actuellement pour figurer le mariage sur la faluche.
La fleur de lys était autrefois utilisée pour indiquer que le faluchard était un ancien scout ; depuis 1986, il désigne un étudiant royaliste. Les insignes évoluent au cours du temps.
La bouteille de Bordeaux a toujours symbolisé un état d’ébriété avance. Elle fut parfois utilisée pour “récompenser” 5 cuites. A Strasbourg, quel que soit le nombre de “cuites”, l’étudiant ne place qu’une bouteille afin que la faluche ne ressemble pas à une cave.
Nous devons signaler qu’un insigne risque de disparaître. Il s’agit de l’épi de blé et faucille, traduisant le fait que l’étudiant soit chanceux aux examens. Cet insigne va disparaître puisque la maison qui le fabriquait a disparu et, avec elle, la matrice. C’est ainsi que peut disparaître un insigne.
Il faut évoquer les insignes qui prennent place à l’intérieur de la faluche, sur la doublure et donc explorer le jardin secret de l’étudiant, que l’usage dénomme potager.
Il est réglementé par le code depuis 1976, celui-ci précise que “Tout étudiant ayant, au cours de sortie, repas ou soirée, tiré un coup en bonne et due forme, devra mettre à l’intérieur de sa faluche une carotte, signe de son acte valeureux et digne du grand baisouillard qu’il est. Pour une pipe dûment accomplie : un poireau, et pour l’enculage un navet. Ceci sous l’œil attentif des anciens, dignes contrôleurs des actes accomplis. Pour tout dépucelage, il aura droit, suivant l’endroit, à deux légumes placés en X. En espérant voir les faluches se transformer durant les années estudiantines, en de véritables potagers …”
Peu d’étudiants sont concernés par cet article.
Par ailleurs, le code prend des sanctions pour les emprunts de faluche, les inventaires intimes, …
Pour conclure ce chapitre, nous devons remarquer que le code de transmission orale s’est toujours alourdi quant à son volume, au fur et à mesure de ses différentes rédactions.
Il serait dommage que le code tue la faluche.
CHAPITRE IV :
L’HISTOIRE ET L’HERALDIQUE
AU SERVICE DU FALUCHARD
L’étudiant éprouve toujours des difficultés à définir sa province natale et les couleurs du blason.
En 1790, la constituante abolit les divisions territoriales issues du régime féodal. Les limites géographiques de 1789 sont grossièrement les limites actuelles. La Savoie et Nice appartiennent au royaume de Sardaigne, le comtat Venaissin avec Avignon fait partie des états pontificaux. Les circonscriptions administratives ne coïncident pas entre elles, mais la province est la plus vivante dans l’esprit des gens. D’un point de vue administratif, la province n’a pas de valeur propre.
Chaque province a ses lois, ses coutumes, ses traditions, son patois, parfois ses états provinciaux, mais l’unité administrative la plus importante est l’intendance ou généralité. Parfois provinces et généralité coïncident, parfois la province est divisée en plusieurs généralités. Ailleurs encore une généralité recouvre plusieurs provinces. La plupart des cartes intitulées “cartes de provinces en 1789” ne sont autres que des cartes des gouvernement militaires dont les limites coïncident le plus avec celles des provinces. C’est ainsi que certains étudiants originaires des villes “frontières” éprouvent certaines difficultés à s’identifier à une province.
Il est hors de propos de traiter l’héraldique dans ces quelques lignes, le lecteur se reportera à la bibliographie en fin d’exposé. Le blason et l’héraldique prennent naissance avec la sophistication des armes défensives des combattants du moyen-âge. C’est le heaume, casque cylindrique d’abord uniquement composé d’une pièce nasale à laquelle s’adjoignent des pièces latérales et supérieures, qui rendent le combattant méconnaissable de ses partisants. L’écu complétera le costume du combattant, de forme oblongue généralement triangulaire, il explique la forme du blason.
Le tournoi favorise l’extension du blason, mais c’est par l’usage du sceau que l’héraldique touche toute la société médiévale du noble au paysan en passant par l’ecclésiastique. Les villes eurent des sceaux très tôt au XIIième siècle, Lille en 1199. Les armoiries se composent de deux éléments : des figures et des couleurs. Il existe des armoiries dépourvues de figures : la ville de Douai, mais il n’en existe pas qui soient dépourvues de couleurs. L’originalité du système héraldique réside dans le fait qu’il emploie un petit nombre de couleurs. Ces couleurs sont, en outre, tout à fait intellectuelles : le blason reconnaît ni les nuances, ni les différences de tonalité. Le gueules, par exemple, n’est pas plus un vermillon qu’un carmin ou qu’un écarlate, c’est un rouge, un rouge abstrait, un rouge conceptuel, auquel l’artiste est libre de donner la nuance qui lui plaît. Depuis le XVième siècle, les couleurs, en héraldique, portent le nom générique d’émaux. Ces émaux se subdivisent en deux groupes : les métaux (or et argent) et les couleurs proprement dites (gueules, sable, azur, sinople, pourpre et quelques autres d’emploi plus rare). Il existe par ailleurs des fourrures : l’hermine et le vair. Les métaux sont l’or et l’argent symbolisés respectivement par le jaune et le blanc. Les couleurs proprement dites : gueules : rouge, sable : noir, azur : bleu, sinople : vert, pourpre : gris brun puis violet ou rouge violacé. Le vair symbolise la fourrure de l’écureuil de l’espèce petit gris fréquent dans les forêts d’Europe à cette époque. L’hermine symbolise le pelage de cet animal. Les règles d’emploi des émaux sont strictes : il est interdit de superposer ou de juxtaposer deux émaux appartenant au même groupe. Il existe des cas techniques non soumis à la règle des émaux. Tout d’abord, les armoiries écartelées pour lesquelles on considère que chaque quartier à une existence héraldique indépendante. Ensuite, les brisures et les petits détails (langue, griffe ou couronne des animaux…) pensent être forés métal sur métal et couleur sur couleur. Les figures forment le second élément dont se composent les armoiries. il existe les pièces et les partitions et les meubles. Les pièces sont des figures géométriques qui semblent comme ajoutées, plaquées sur l’écu. Les partitions sont le résultat de la division même du champ de l’écu en plusieurs bandes ou cases de taille égale. Les meubles comprennent les animaux et les végétaux réels ou imaginaires. Le lion, l’aigle et la merlette sont les plus employés. Le lion et l’aigle ont une signification politique. Les armoiries à l’aigle sont celles des partisans de l’empereur, celles au lion les armoiries de ses adversaires. Une particularité à signaler : l’aigle en héraldique est de sexe féminin, on parle d’une aigle. Le léopard est blasonné dans les possessions des Plantagenets : Guyenne, Normandie, famille royale anglaise. Les poissons sont peu utilisés sauf le bar et le dauphin. Le dauphin est blasonné dans les possessions propres des fils ainés des familles régnantes. Parmi les végétaux, la fleur de lis, le trèfle, la rose et le quintefeuille. La fleur de lis est l’emblème adopté par les rois de France, le blason azur semé de trois fleur de lis est rapport avec la trinité divine. La disposition des figures n’est pas laissée au hasard. Celles des pièces et partitions est fixée par leur nature. Un seul meuble est employé comme figure principale, se place au centre et occupe la plus grande surface possible. Deux meubles identiques se placent soit à côte à côte, soit l’un en dessous de l’autre. Deux lions rampants sont adossés ou affrontés, tandis que deux léopards sont posés l’un en chef et l’autre en pointe. Trois meubles identiques se poseront selon leur forme, soit deux en chef et un en pointe (cas le plus fréquent), soit l’un en dessous de l’autre, cas des léopards. Quatre meubles se poseront 2 et 2 ; cinq meubles 2, 1, 2 ; six meubles 3, 2, 1. Ce ne sont pas des règles impératives, mais des conventions graphiques, dues à la forme triangulaire de l’écu. Dans le cas d’un écu rond, ovale ou en losange, la mise en place traditionnelle peut subir des modifications afin de s’adapter au cadre.
Autre point important en héraldique, la brisure. Deux personnages ne peuvent porter les mêmes armoiries. Au moyen-âge, en effet, parmi les mâles d’une même famille, un seul à théoriquement le droit de porter les armoiries familiales pleines, c’est à dire intactes : l’ainé de la branche ainée. Les autres doivent y apporter une légère modification appelée brisure, afin de montrer qu’ils ne sont pas chef d’armes. Les fils du vivant de leur père, ou, le père mort, les fils cadets du vivant de l’ainé doivent aussi briser. Il existe différents modes de brisures. Outre le changement de couleurs, certaines pièces sont ajoutées au blason. Le lambel est une figure constituée par une traverse horizontale placée en chef et ornée d’un nombre variable de pendants. D’autres pièces seront utilisées : la bande, la bordure… A la génération suivante, les armoiries seront surbaissées. L’étude de ces brisures permet de comprendre pourquoi plusieurs provinces sont symbolisées par les mêmes couleurs. Antérieurement à Charles V, le roi de France porte azur semé de fleur de lis. Aussi Artois, Bourgogne, Manche, Touraine, Maine et Bourbonnais sont des possessions offertes à des cadets de France. D’abord strictement personnelle, la brisure des princes ruinés devient ensuite la marque distinctive des titulaires successifs d’un même apanage. Le lambel d’argent est l’insigne des princes d’Orléans. La bordure de gueules sera la marque distinctive des princes d’Anjou, elle sera engrelée chez tous les Berry, camponnée chez tous les Bourgogne. L’Ile de France, possession personnelle des rois de France, porte comme lui azur à trois fleurs de lis. Le Dauphiné avant 1349 est dénommé Viennois. Il est la possession de Gulgnes VII dauphin de la 1ère maison de Bourgogne, quand Jean II le bon l’achète pour son fils, le futur Charles V, celui-ci écartèle de France et de Viennois. Ceci explique qu’en terme de couleurs l’Artois et le Berry aient les mêmes.
CHAPITRE V :
LA FALUCHE EN QUELQUES CHIFFRES
La chapellerie JEAN à Roubaix nous a communiqué les siens concernant les ventes de faluches (chiffres retranscrits dans un premier tableau).
Pour fournir un élément de comparaison, nous comparerons les chiffres d’étudiants admis en 2ème année des études de Médecine, Pharmacie et Chirurgie dentaire, chiffres parus au Journal Officiel (décret du 25 novembre 1987, étudiant admis en juin 1988, décret du 12 octobre 1988 étudiants en juin 1989), aux chiffres des insignes de discipline correspondant aux mêmes périodes (dans un deuxième tableau).
Evaluer la population des Faluchards à différentes époques relève de l’utopie.
Plusieurs maisons vendaient des faluches, certaines ont fait faillite, leur comptabilité a disparu. Bref, nous ne pouvons nous référer qu’à des témoignages. Aux dires de nos Maîtres lillois, la faluche trônait fièrement sur la tête des carabins lillois des années 1940. L’étudiant en médecine achetait sa faluche à l’entrée en faculté de Médecine, après l’année préparatoire passée en sciences. Les Allemands, durant la deuxième guerre mondiale, ne souhaitaient voir la faluche sur la tête des étudiants en ville que durant les fêtes traditionnelles des étudiants bizutage et Saint- Nicolas.
Disparue presque totalement des amphithéâtres durant les années post-soixante-huitardes, elle se maintient sur la tête des étudiants membres des bureaux des associations corporatives de certaines villes universitaires Lille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg, Lyon. D’autres en portaient occasionnellement.
L informatique aidant, la maison MOURGEON à Paris nous a communiqué les chiffres de ventes des insignes de discipline.
Dans un premier tableau, nous montrerons l’évolution des ventes d’insignes durant ces trois dernières années. Pour des commodités d’exposé, les “Faluchards” sont regroupés par composantes : la santé, les juristes puis les lettres et les sciences.
Nous comparerons les chiffres d’étudiants admis en 2ème année des études de Médecine, Pharmacie et Chirurgie dentaire, chiffres parus au Journal Officiel, décret du 13 novembre 1986, étudiants admis en juin 1987, décret du 25 novembre 1987, étudiants admis en Juin 1988, décret du 12 octobre 1988, étudiants admis en juin 1989 ; aux chiffres d’insignes de discipline correspondants aux mêmes périodes.
Le deuxième tableau présentera les chiffres nationaux et le troisième les chiffres lillois.
Il est fait mention en bas de chaque tableau deux événements marquants
(1) le centenaire de la faluche, REIMS, 25-26 juin 1988
(2) Les Etats Généraux de la faluche, DIJON, 23-2~-25 juin 1989.
( Cf tableau I, II et III en fin de développement )
TABLEAU 1
FRANCE |
|||
87/88 |
88/89 |
89/90 |
|
SECTEUR SANTE |
875 = 66,79 % |
1195 = 67,33 % |
1800 = 55,82 % |
SECTEUR JURIDIQUE |
250 = 19,08 % |
335 = 18,87 % |
775 = 24,03 % |
LETTRE SCIENCE |
185 = 14,13 % |
245 = 13,80 % |
650 = 20, 15 % |
TOTAL |
1310 = 100 % |
1775 = 100 % |
3225 = 100 % |
TABLEAU II
FRANCE |
||||||
1987 |
1988 |
1989 |
||||
MEDECINE |
4460 |
430=9.64% |
4100 |
685=16.71% |
4100 |
900=21.95% |
CHIRURGIE DENTAIRE |
950 |
95=10% |
900 |
140=15.55% |
900 |
300%=33.33% |
PHARMACIE |
2250 |
350=15.55% |
2200 |
370=16.82% |
2200 |
600=22.27% |
TOTAL |
7660 |
875=11.42% |
7200 |
1195=16.60% |
7200 |
1800=25% |
TABLEAU III
LILLE |
||||||
1987 |
1988 |
1989 |
||||
MEDECINE |
288 |
93=32.29% |
246 |
208=84.55% |
246 |
223=90.65% |
CHIRURGIE DENTAIRE |
68 |
? |
65 |
1 |
61 |
26=42.62% |
PHARMACIE |
148 |
? |
145 |
87=60% |
145 |
80=55.17% |
TOTAL |
504 |
? |
456 |
296=64.91% |
452 |
329=72.79% |
Les chiffres correspondants aux insignes sont erronés car il est impossible de tenir une comptabilité stricte des étudiants achetant leur faluche après le succès en 1ère année dans le secteur médical, ils donnent cependant un reflet juste de la réalité. Les chiffres s’équilibrant d’une année sur l’autre.
La faluche fut proche de sa perte car pour couvrir les besoins d’insignes des faluches et des calots, la maison MOURGEON réalisa 2 000 epsilons entre 1978 et 1981, soit 500 epsilons/an, or il faut savoir que l’epsilon symbolisant le baccalauréat de série C est largement utilisé par les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles pour leur calot. 500 epsilons représentent environ la consommation annuelle des Faluchards lillois en 1990
La première constations qui apparaît à l’étude de ces tableaux est que la faluche reste fortement implantée dans le secteur médical, la seconde est que les lillois restent très attachés aux traditions folkloriques.
Enfin, l’élan donné lors du centenaire de la faluche à Reims en 1988 s’est amplifié après les états généraux de Dijon.
La commémoration de quelques faits marquants ne suffit pas à recréer l’événement, la commémoration du centenaire de la faluche ne peut, à elle seule, justifier un tel regain d’intérêt pour celle-ci.
La faluche se trouve plutôt à la croisée de plusieurs chemins. Elle est un support, parfait pour les badges de toute nature qui fleurissent à l’étalage de tous les marchands. Les badges des sociétés retrouvent une vogue certaine et actuellement les publicitaires qui fabriquent de tels objets voient leur chiffre d’affaires s’accroître.
Dans l’Université, il existe un certain recul des mouvements syndicaux politisés, les dernières élections au CNESER ont attribué deux sièges à la liste des mouvements associatifs qui n’en détenaient qu’un dans le conseil sortant.
Enfin, la faluche représente l’irrationnel de tout l’étudiant.
Pourquoi l’étudiant étale-t-il ses échecs, ses “cuites” sur sa faluche ? … , conjuration du sort ? …
CONCLUSION
La réalisation d’un tel travail fut plaisante. Il n’est qu’une modeste contribution à l’étude du folklore estudiantin.
Thèse inaugurale de Doctorat en Médecine, mais aussi thèse inaugurale du sujet, elle est faite pour être dépassée.
Devant les difficultés rencontrées à sa réalisation, il serait souhaitable que le musée hospitalier régional de Lille puisse recueillir les archives étudiantes et notamment les faluches des dignes Faluchards, plutôt qu’elles soient détruites, entraînant dans leur disparition la vie estudiantine du sujet qui la portait, fût-t-il grand patron ou médecin de campagne.
Planche VIII
Fig 15
Fig 16: Faluche de Guy Daniel, Médecine
Membre du Conseil de la Faculté de Médecine, de l’Université de Lille II
Elu au CROUS de Lille , Collège étudiants
Vice-Président puis Président de l’A.C.E.M.L., délégué au B.S.L.
Secrétaire Général de l’A.N.E.M.F., délégué au CLEF
Grand Maître National de la Faluche en Médecine