Les délégués de l’Association générale des étudiants de Paris Marc Perret et Fernand Butin aux fêtes étudiantes de Montpellier organisées pour l’inauguration de la Maison des étudiants.
Retranscription du texte:
NOS GRAVURES
L hôtel des étudiants à Montpellier.
Le 4 février à Montpellier, a eu lieu l’inauguration officielle de l’Hôtel de l’Association générale des étudiants de Montpellier. Cette fête, à laquelle avaient été invitées toutes les notabilités de la région ainsi que toutes les associations françaises d’étudiants,avait d’autant plus d’importance que les étudiants de Montpellier sont les premiers en France, qui grâce à la générosité de leur municipalité et à la sympathie de quelques amis dévoués aient pu être mis en possession d’un immeuble assez vaste pour remplir toutes les conditions indispensables à une association d’étudiants. Montpellier a été la première des universités de France qui ait construit sa « maison d’étudiants » élevée à l’endroit le plus propice de la ville en plein champ de Mars. Un vrai palais, avec une façade de pierre dessinant sur le bleu du ciel l’éblouissante blancheur de ses lignes, avec une élégante terrasse, et tout autour un gai jardin, une salle vaste et splendide, pour l’ornement de laquelle des artistes, peintres et sculpteurs, ont rivalisé de talent, et sur les côtés de cette nef centrale des salles de bibliothèque, de lecture, de conférence, de jeux, etc.
Dans la journée du 4 février, Montpellier présentait aux abords des édifices universitaires le même spectacle qu’au jour des belles fêtes du Centenaire.
On y voyait circuler des groupes animés d’étudiants ornés de leurs insignes.
A 4 h. 20, un cortège se forme à la gare : on y vient recevoir la délégation des étudiants marseillais avec leur drapeau. C’est la troisième délégation.
Aussi, le soir, trois drapeaux étaient groupés à l’Hôtel des étudiants autour de celui de l’Association de Montpellier : ceux de Paris, de Marseille et de Nancy.
Notre gravure représente les deux délégués de l’Association des étudiants de Paris : M. Marc Perret, inscrit depuis quelques années déjà au barreau de Paris, mais resté plein de zèle et de dévouement pour tout ce qui concerne les intérêts des étudiants ses anciens camarades; et M. Fernand Butin, étudiant en pharmacie, l’un des plus jeunes et des plus sympathiques membres de l’Association.
Les étudiants de Lyon, de Bordeaux, de Toulouse, d’Alger, ont envoyé des lettres d’adhésion et d’excuses.
Dès huit heures, les nombreux hôtes des étudiants se hâtent vers la salle des Fêtes. Ils y sont conduits et placés par des commissaires qui s’acquittent de leur tâche avec autant d’urbanité que de zèle. Tout se passe le mieux du monde.
A huit heures et demie, la salle regorge littéralement, et quelques invités en retard sont obligés de se masser, avec les étudiants, dans les salles latérales.
A ce moment, le coup d’œil offert par la grande salle est des plus attrayants; les fraîches toilettes des dames et des demoiselles, venues en très grand nombre, les uniformes militaires, les fracs, les bérets d’étudiants, s’harmonisent admirablement avec la décoration, riche en couleur, du monument.
A 9 heures moins le quart, les autorités civiles et militaires font leur entrée, saluées par un ban formidable; les rideaux qui masquent la scène sont tirés, et le chœur de l’Association entonne Au drapeau, chant de ralliement des étudiants de Montpellier qui leur a été dédié par les auteurs, leurs compatriotes : MM. de Bornier et Paladilhe.
Les délégués de Paris, de Marseille et de Nancy déploient le drapeau de leurs Associations respectives à côté du drapeau de l’Association de Montpellier. Une triple salve d’applaudissements accueille la dernière strophe du chant des étudiants.
Puis, après quelques minutes d’entr’acte, les rideaux de la scène sont tirés de nouveau. C’est le moment des discours. MM. Desq, président de l’Association des étudiants de Montpellier, Lavisse, le promoteur des Associations d’étudiants, Gérard, recteur, ont pris successivement la parole et ont été très applaudis.
M. Desq a constaté les résultats acquis par l’Association et a vivement remercié tous ceux : fonctionnaires, professeurs, artistes, amis genéreux qui ont aidé à son développement et l’ont enfin rendueq propriétaire.
M. Lavisse a prononcé un discours très nourri et très intéressant sur ce que doivent être les associations d’étudiants et le but qu’elles doivent pour suivre.
M. Gérard a rendu justice à l’esprit d’initiative et de suite des étudiants et s’est déclaré fier de son titre de premier étudiant de Montpellier.
Pour en finir avec les discours, citons la conclusion pleine d’émotion du discours que M. Marc Perret a prononcé au nom de ses camarades parisiens et des étudiants de France :
« Merci, habitants de Montpellier, de votre amitié pour les étudiants, sur nous tous elle rejaillit, et, dans nos Universités du Nord et du Midi, nous dirons à titre d’enseignement comment vous les aimez ces jeunes gens, qui sont vos fils, vos frères, et pourquoi ne pas le dire, vos fiancés peut-être.
« Merci enfin pour nos mères, pour nos familles, qui sauront désormais, en nous envoyant loin d’elles dans les Universités, que grâce à vous, nous retrouvons dans nos maisons d’étudiants un peu de l’affection que nous avons laissée au foyer. »
Cette cérémonie s’est terminée par un concert très réussi pendant lequel les artistes; du Grand Théâtre et les étudiants ont été couverts d’applaudissements.
Cette soirée a fait le plus grand honneur aux étudiants de Montpellier; elle est un gage assuré pour l’avenir et la prospérité de leur Association.
Les étudiants de Montpellier viennent de donner à leurs camarades de France un grand exemple ; espérons qu’ils le suivront et que nous verrons dans chaque centre universitaire s’élever leurs « hôtels d’étudiants » où, en se groupant sous les plis du même drapeau, ils apprendront à se connaître, et à aimer leur fière devise « Science et Patrie ».
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62203431/f1.item
