Relaté par Hervé Giraud
“Vous connaissez le Souvenir normand qui groupe par des fêtes populaires dans tous les pays normands les hommes pieux du souvenir des beaux gestes que la race fit à travers le monde, histoire et légende. Vous n’ignorez pas les fêtes de Corneville pour élever dans le clocher symbolique de la réconciliation entre Normands anglais et français ce gracieux carillon dont l’une des plus belles cloches, la Canadienne, a été donnée par souscription des dames canadiennes. Vous avez lu les récits de notre pèlerinage au champ de bataille historique de Hastings, où Saxons et Normands ont scellé leur réconciliation par des journées de belle cordialité et par une fête d’art populaire de sept journées inoubliables, en août 1903.
Vous avez suivi le souvenir normand à Rouen, où, l’an dernier, sur la terre sainte de Jeanne d’Arc, le maire d’Hastings, en robe rouge, entouré d’une délégation d’Anglais vint pieusement posé une tige de lys en fer forgé, comme hommage et amende honorable à la sainte du patriotisme.
Cet été, du 5 au 10 août, la ville de Caen — capitale de la Basse-Normandie, où reposent Guillaume le Conquérant et Mathilde, sa femme, les fondateurs de la dynastie royale d’Angleterre et à la fois la souche de tous les vrais chrétiens d’Europe — la ville de Caen va donner de belles fêtes du Souvenir normand qui seront surtout d’un caractère d’art traditionnel et populaire. On inaugurera la statue du grand légiste Demelombe, connu de tous les juristes, car c’est la loi normande qui gouverne le monde chrétien.
À Falaise, berceau du Conquérant, on jouera le 9 août, en plein air, un grand drame lyrique…
Le clou de la fête sera sans doute, à côté de cette représentation comique, la présence d’invités venus de toutes les «Normandysseurs». Et parmi ces invités distingués, des représentants en uniforme des armées de la paix des Normands : Angleterre, Suède, Norvège, Danemark, Russie (fondée par Normand Rurik), Grèce, Italie.
Dans cette représentation pacifique de Normands du monde entier, le Canada ne pouvait être oublié par les fondateurs du Souvenir normand qui, depuis les fêtes du Vieux Honfleur, ont pris l’agréable habitude de qualifier le Canada de Normandie d’Amérique.
M. Turgeon, qui doit être à l’inauguration de la statue de Jacques Cartier à St-Malo, ne refusera pas notre invitation d’être avec nous à Caen et à Falaise. De Paris, les étudiants canadiens ne peuvent manquer d’assister à la fête des étudiants normands de Caen avec leurs camarades de la «Boucane»; les artistes canadiens viendront de même y assister avec le bon sculpteur Ph. Hébert.
Mais il est des Canadiens que le Souvenir normand aimerait à voir se joindre à tous les Normands de la paix de voir, à côté des volontaires de Jersey ou du Sussex quelques volontaires portant l’uniforme anglais et français, venue des bords du St-Laurent ? Pris par le temps, n’ayant ni liste, ni adresse des corps de milice de la province de Québec ou du Manitoba, ou du pays de l’ancienne Acadie, comment faire utilement des invitations ?
Je prends le moyen le plus court, d’écrire à La Patrie en la priant de publier cet appel et cet avis.
Parmi les nombreux Canadiens qui vont en France et en Angleterre, cette année, quelques-uns ne peuvent-ils emporter leur uniforme de volontaire, et venir montrer dans l’état-major des armées normandes de la paix à Caen, pendant les fêtes du Souvenir normand, les couleurs pacifiques et fières de leur pays ?
Nous les invitons de grand cœur, au nom du Souvenir normand, avec l’assentiment de l’honorable maire de Caen. Ils sont sûrs de recevoir parmi les Normands de la vieille Normandie un accueil cordial.
Mais si je pouvais exprimer un vœu personnel, je dirais que ma joie serait à son comble si, parmi les Canadiens volontaires, je pouvais avoir l’honneur de présenter aux autorités normandes un représentant en uniforme des volontaires de Québec et un volontaire de la Garde Ville-Marie.
En terminant, permettez-moi d’exprimer le désir de voir à Caen beaucoup de canadiennes et des journalistes confrères, qui seront bien accueillis chez les Normands de France.”
Relaté par Hervé Giraud