Faluche d’un juriste lillois entre 43 et 47

Biographie

Christian Danel est né le 9 février 1925 à Radinghem, dans le Nord-Pas-de-Calais. Il obtient en 1942 son bac « mathématiques élémentaires » puis en 1944 un diplôme de philo / sciences. Il s’inscrit ensuite en fac de droit à la Catho, à Lille, où il passe deux ans à cumuler ses cours avec des cours d’Allemand avec un Russe (dernier ambassadeur du Tsar) ainsi qu’un emploi de secrétaire de mairie. Il redouble sa deuxième année et la refait auprès de l’université d’Etat (tout en restant très proche de ses amis de la Catho), puis obtient sa licence le 11 juillet 1947. Il tente alors un doctorat qu’il abandonne pour raisons financières. Il devient par la suite clerc de notaire et très actif au niveau syndical.

 

La faluche

Pour en venir à la faluche, il intègre la Basoche à Lille, lors de sa première année à l’Université Catholique (« la Catho »), dans l’année universitaire 1943-1944, lors de l’occupation. Une grande partie du nord était alors placé en zone interdite, dépendante de Bruxelles, ce qui explique le peu d’activités festives à l’époque.

A la libération, les Basochards de Lille sortent de nouveau et sont témoins d’un discours de De Gaulle, qui dit alors « Il nous faut de beaux bébés, retroussons nos manches ». Alors, durant un monôme dans Lille, les étudiants de la Catho arborèrent leur propre slogan sur des pancartes : « Mesdemoiselles, retroussez vos jupes, ça ira encore mieux ».

A la Catho, tous les bizuths (terme de l’époque) étaient intégrés dans la faluche, devenant Basochards à leur entrée en première année. Il s’agissait de boire un liquide que les Basochards actifs leur présentaient comme de la purge, mais qui n’en était rien … M. Danel en garde un très bon souvenir ! Il a également évoqué des baptêmes de la filière médecines beaucoup plus osés, où les filles étaient habillées en imperméable totalement transparents, sans rien en dessous…

La lecture de la faluche

Sur le circulaire (en partant du début, à gauche) :

lille faluche droit

– Le ruban est rouge (couleur des juristes) mais la matière ne semble pas du satin (ou alors il a très mal vieilli). Sur les photos, le rouge a déteint en marron avec le temps.

-[1] Deux fleurs blanche au cœur rouge, sans doute des perce neige, qu’il trouvait jolies (à gauche devait figurer une étiquette de métal servant à marquer le bétail pendant l’occupation, ayant pour but d’empêcher le marché libre, mais elle a été égarée)

-[2] Deux étoiles symbolisant ses deuxième et troisième années

-[3] Une pièce dorée, iranienne, percée et lui ayant été donnée par sa marraine

-[4] Une étoile sur ruban blanc, symbolisant sa première année et son inscription à la Catho (c’est aussi le centre frontal de son circulaire). Avec le temps, le blanc a déteint en blanc.

-[5] Un insigne où figurent les mots « SV » et « Vouloir » avec au milieu une croix bleu, souvenir de l’institution Saint Vincent de Paul où il a commencé sa formation de juriste à Loos-lez-Lille, avec des lazaristes.

-[6] Une broche en bateau, pour décoration

-[7] Un reste de coupe papier en marbre (pour décoration également)

Sur le velours :

lille faluche droit

-[1] L’écusson aux armes de la ville de Lille, un lys blanc sur fond rouge

-[2] Une croix de Lorraine, avec Jeanne d’Arc dessus, en tant que résistant pour quelques actes à l’époque, et Gaulliste convaincu

-[3] Une médaille « Notre Dame des 7 douleurs, congrès eucharistique, Bois Grenier » datant de 1933

-[4] Une pièce « Bon pour le service » où l’on peut voir un homme se faire toiser et où figure au dos la mention « République Française », qui lui a été donné par un ami (la pièce était remise au candidat à l’occasion de l’évaluation physique précédant le service militaire)

-[5] Une broche « Ancien C.J.F. », qui lui a été donnée elle aussi par un ami (Chantier Jeunesse de France, mouvement pétainiste)

-[6] Un pins CGH, Centre de Gymnastique du canton d’Haubourdin

-[7] Un écusson J.A.C. (Jeunesse Agricole Chrétienne) au centre duquel figurent en insigne d’or le chiffre 13 dans un fer à cheval (porte bonheur pour les deux)

-[8] Un sous troué où est accroché un bouton de vêtement en trèfle, le sou étant une pièce datant de la guerre (1941)

NB : il portait la faluche, mais ne faisait pas partie du Royaume de la Basoche, le terme Basochard désignant à l’époque l’étudiant en droit.

Ci-dessous, deux photos de Christian Danel, dont une avec son petit-fils (Lancelot).

lille faluchelille faluche

Histoires et anecdotes recueillies : Lancelot, faluchard de Poitiers.

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