La Faculté de Médecine de Nancy

Le 27 juin 1822, Nancy obtenait une école secondaire de médecine qui devint en 1843 une école préparatoire illustrée par les Simonin, les Parisot, les Bonfils, les Poincaré.

Ce court rappel historique était nécessaire pour comprendre la transformation de l’enseignement médical en Lorraine. Après la guerre de 1870, la Faculté de Médecine de Strasbourg fut transférée à Nancy. Le 21 mars 1872, l’Assemblée Nationale votait « le transférement » confirmé le 1er octobre par le Président de la République. L’installation du personnel eut lieu le 1er octobre 1872 et l’inauguration solennelle le 19 novembre 1872. Le premier Doyen fut l’éminent professeur d’obstétrique, ancien doyen de la Faculté de Strasbourg, le professeur Stoltz. Au cours de la cérémonie d’inauguration, il donna connaissance d’une lettre du Ministre de l’Instruction publique, Jules Simon, qui exprimait tous ses vœux pour l’avenir de la nouvelle Faculté, ne méconnaissant pas l’installation modeste dans laquelle elle se trouvait et reconnaissant les sacrifices faits par l’Etat, le département et la ville de Nancy pour son installation et son fonctionnement.

Grâce à l’activité déployée par le Professeur Coze, délégué à cet effet par le Doyen, la Faculté put commencer son enseignement le lendemain de la séance de rentrée. Elle avait été installée dans les locaux de l’ancienne École préparatoire et dans ceux de l’École supérieure de garçons, située à côté du Palais de l’Académie, mise par la ville à la disposition de la Faculté.

La Faculté de Médecine de Strasbourg comptait seize chaires. Le décret de 1872 les maintint à Nancy. Neuf d’entre elles gardaient leurs titulaires : Stoltz, Rameaux, Tourdes, Rigaud, Hirtz, Eugène Michel, Coze, Bach, Morel. Sept chaires étaient devenues vacantes, deux par suite des décès des titulaires Küss et Stoeber; trois par suite de retraite et d’honorariat, Caillot, Sédillot, Fée, deux enfin parce que les professeurs n’avaient pas quitté Strasbourg, Schutzenberger et Wieger. Si ce dernier accepta avec Aubenas, Soessel et Strohl de faire partie de la nouvelle université allemande, Schutzenberger et deux agrégés, Koeberlé et Bugène Boeckel, refusèrent toujours les propositions des vainqueurs.

Trois anciens professeurs de l’École préparatoire furent nommés : Blondlot, Simonin et Victor Parisot ; les quatre dernières chaires furent attribuées à quatre agrégés de Strasbourg, Beaunis, Feltz, Hecht, Engel. Le décret de 1872 avait désigné neuf professeurs adjoints : Roussel, Charles Démange, Bechet, Grandjean, Xardel, Léon Poincaré, Emile Parisot, Lallement et Ritter. Le même décret avait maintenu dans leurs fonctions huit agrégés en exercice de la Faculté de Strasbourg. Cinq d’entre eux vinrent à Nancy : Monoyer, Schlagdenhaufen, Bouchard, F. Gross, Bernheim. Les deux derniers seuls sont restés à la Faculté de Nancy

Il nous a paru utile de montrer en ces quelques lignes comment se présentait la Faculté de Médecine de Nancy lors de sa création. Les premiers professeurs qui l’ont illustrée ont laissé un nom dans la science. Leur souvenir est toujours cher aux Lorrains.

Dans la période qui s’étend de 1888 à 1902, la réputation de la Faculté de Médecine s’étend de plus en plus ; elle est due, pour ne citer que les disparus, aux professeurs Victor Parisot, Paul Spillmann, Heydenreich, Frédéric Gross, Schmitt, Simon, Rohmer, Charpentier, Meyer, Baraban, Nicolas, Prenant, Haushalter, Guilloz, Alphonse Hergott, Schuhl, Zilgien. C’est l’époque de « l’École de Nancy » grâce aux travaux et à l’enseignement du professeur Bernheim.

Des progrès incessants ont été réalisés par la Faculté à partir de 1872. Une série de transformations de chaires furent faites ; nous ne citerons que les principales. De 1872 à 1882, il y a création de deux chaires. En 1878, la chaire de Rameaux, chaire de Physique et d’Hygiène, est dédoublée en chaire de Physique dont le premier titulaire est le professeur Charpentier et en chaire d’Hygiène donnée au professeur Léon Poincaré. En 1879, la chaire de Stoltz devient la chaire de clinique obstétricale avec le professeur J. Herrgott comme titulaire. Une chaire d’histologie est créée pour le professeur Morel qui depuis 1856 faisait une conférence spéciale à Strasbourg.

De 1872 à 1882, les locaux consacrés à l’enseignement clinique étaient insuffisants. Au lendemain du transfert, il n’y avait qu’une seule clinique pour deux professeurs de clinique médicale et une seule pour les deux professeurs de clinique chirurgicale, l’un opérant l’hiver et l’autre l’été. Dès 1873, chaque professeur eut sa clinique particulière. La construction d’un hôpital général était décidée le 25 février 1878 et en novembre 1883 les services cliniques quittaient l’hôpital Saint-Charles et l’hôpital Saint-Léon. L’origine de l’hôpital Saint-Charles remontait à 1626 ; il occupait l’emplacement de la rue Saint-Jean, où se trouve actuellement le magasin d’exposition des automobiles Citroën. L’hôpital Saint-Léon était l’ancien dépôt de mendicité, actuellement l’École Supérieure de Filles de la rue Saint-Léon. C’est le Directoire qui, avec la loi du 16 vendémiaire an V, créa les commissions administratives destinées à remplacer les conseils de directeurs ou d’administrateurs de l’ancien régime. Les différentes Commissions administratives qui se sont succédées à Nancy depuis leur fondation se sont rendu compte de l’intérêt d’une entente d’abord avec l’Ecole Préparatoire dès 1843, et avec la Faculté depuis 1872. A cette époque, la Commission administrative confia les soins à donner aux malades dans ses différents établissements à la Faculté. Ce monopole a existé jusque dans ces dernières années jusqu’à la création de chirurgiens et de médecins des hôpitaux. En réalité, les services principaux de médecine, de chirurgie générales, les services de spécialités sont assurés par les professeurs titulaires et agrégés de la services hospitaliers qui doivent être dirigés par des membres du corps enseignant. L’administration hospitalière est aidée depuis 1652 par la Congrégation des Sœurs de Saint-Charles, créée « pour soigner les pauvres malades de Nancy ». Les sœurs de Saint-Charles étaient désignées au début sous le nom de sœurs de la Sainte-Famille. C’est eu 1679 que l’évêque de Toul, Jacques de Fieux, autorisa les filles de la Sainte-Famille à s’organiser en communauté et à changer leur nom en celui des sœurs de Saint-Charles-Borromée. Il faut leur rendre hommage : leur dévouement a toujours grandement facilité la tâche de la Faculté de Médecine.

Pendant la période qui va de 1872 à 1892, la première installation des laboratoires fut faite dans les locaux de l’ancienne Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie et dans ceux de l’Ecole supérieure des garçons, située à côté du Palais de l’Académie. Les bâtiments s’élevaient dans le jardin de l’Académie occupant l’angle formé par la jonction de la rue de Serre et de la rue de la Ravinelle. Les différents titulaires de ces laboratoires furent Morel, Lallement, Tourdes, E. Démange, Beaunis, Feltz, Léon Poincaré, Coze

En 1892, après une visite du directeur de l’enseignement supérieur, la création d’un Institut anatomique fut décidée. La construction fut commencée en 1892 et terminée à la fin de 1894. Il fut inauguré le 28 juin 1896 en présence du Ministre de l’Instruction publique Barthou, du Ministre du Commerce Boucher, du Directeur de l’Enseignement Supérieur Liard, sous le décanat du professeur Heydenreich.

En 1894 fut créé l’Institut sérothérapique de l’Est dans le but de préparer et de distribuer du sérum antidiphtérique et d’aider aux progrès de la bactériologie. Cet Institut était fondé avec l’aide d’un généreux donateur, Osiris, et le produit d’une souscription publique ouverte dans la région, des subventions des villes principales de l’Est, des départements de Meurthe-et-Moselle, des Vosges, de la Meuse. Il fut confié au professeur Macé. Cet Institut vient d’être complètement transformé en Institut régional d’Hygiène sous l’active direction du titulaire actuel de la chaire d’Hygiène et de Médecine préventive. Ce centre de recherches est doté de grands laboratoires, d’un musée et d’une riche bibliothèque. Il est en liaison avec plusieurs départements de la région de l’Est. Le Dispensaire universitaire lui est annexé. Cette nouvelle création permet d’établir le livret sanitaire des étudiants inscrits à l’Université et de les surveiller au point de vue médical pendant toute la durée de leurs études.

C’est en 1899 que la question du transfert à proximité de l’Institut anatomique des services restés dans les locaux de la place Carnot entra dans la phase d’exécution. Le Doyen Heydenreich posa les premiers jalons ; le Doyen Gross eut l’honneur de terminer la nouvelle Faculté. Le terrain fut acquis en face de l’Institut anatomique. A la rentrée de 1902, la Faculté prenait possession de ses nouveaux locaux rue Lionnois.

Dans les bâtiments de l’Institut anatomique, outre le service d’anatomie et la salle de dissection pourvue de tout ce qui était nécessaire pour recevoir deux cents étudiants, se trouvèrent installés le service d’anatomie pathologique et sa collection d’enseignement commencée par le professeur Baraban et classée par le titulaire actuel, le service de médecine légale avec son musée de médecine légale et de médecine judiciaire, la morgue étant annexée au laboratoire, le service d’histologie, centre de recherches particulièrement actif avec ses laboratoires fréquentés par de nombreux travailleurs, le service d’histoire naturelle et de parasitologie avec les collections du savant professeur Vuillemin, le service de bactériologie en voie d’aménagement et d’organisation.

Dans le bâtiment principal de la rue Lionnois, le rez-de-chaussée a été affecté aux services généraux et administratifs. C’est là que se trouve la salle de réunion du Conseil et de l’Assemblée de Faculté avec une collection de portraits de professeurs de l’ancienne Faculté de médecine de Pont-à-Mousson, du collège royal de médecine et de chirurgie, des professeurs de l’ancienne école préparatoire, des professeurs de la Faculté de médecine depuis 1872. Cette série constitue un riche musée historique.

La Faculté comprend le service de physique biologique avec amphithéâtre, salle de travaux, importante collection d’instruments et appareils ; le service de physiologie, laboratoire très moderne avec une salle d’opérations, des collections d’une grande richesse et une bibliothèque importante; le service de chimie, pourvu de toutes les ressources nécessaires; le service de thérapeutique et de pharmacologie avec son musée; le service de médecine opératoire avec ses collections d’instruments et une installation de chirurgie expérimentale. La Faculté s’est récemment agrandie par la création, dans l’ancien hôtel des Missions royales affecté il y a quelques années aux besoins de l’Université, d’un grand laboratoire d’hydrologie qui peut compter parmi les installations les plus importantes de notre pays. La formule qui a permis cette réalisation est particulièrement intéressante; le service a été aménagé avec des crédits relativement peu élevés dans un très vieux local qui ‘paraissait ne plus pouvoir être utilisé.

Le nombre des travaux qui sortent de ce laboratoire prouve clairement que la somptuosité des installations n’est pas indispensable à la recherche scientifique. A côté du service d’hydrologie, et dans les mêmes conditions, a été aménagé un Institut d’Education Physique d’Université rattaché à la Faculté de Médecine. Sa réputation, désormais solidement établie, fait honneur à son Directeur.

La Faculté de Nancy fut la première, dès l’année 1901, à organiser l’enseignement dentaire. L’Institut de Nancy date de l’année 1910 : il avait été construit sur un terrain voisin de l’Institut anatomique et concédé à la Faculté par la ville. De 1901 à 1910, l’enseignement avait été donné dans des locaux disponibles de la Faculté et à la Clinique dentaire de l’Hôpital civil. L’Institut devint rapidement trop petit pour le nombre toujours croissant des élèves. Il comprend actuellement un grand bâtiment affecté aux laboratoires et aux services de prothèse; c’est l’Institut dentaire considérablement agrandi et transformé pour les besoins de l’enseignement moderne. Il comprend ensuite une clinique modèle installée à côté de la nouvelle Maternité. Le style de la construction, ses remarquables aménagements intérieurs avec ses salles d’opération et surtout son hall immense renfermant 70 fauteuils pourvus des derniers perfectionnements font l’admiration des visiteurs. La Faculté de Nancy possède actuellement un des plus beaux centres d’enseignement dentaire d’Europe.

Pendant que la Faculté agrandissait ses laboratoires et perfectionnait son outillage, les Services hospitaliers subissaient d’importantes modifications. Il serait trop long de les envisager au fur et à mesure de leur réalisation. Nous devrons nous contenter de passer en revue les créations les plus importantes qui ont fait des hôpitaux de Nancy un très remarquable ensemble. Un vaste programme a été réalisé dans le cours des 20 dernières années et surtout depuis 1919 par la Commission administrative des Hospices. Il faut rendre justice aux membres de cette Commission qui toujours ont fait leur possible pour donner satisfaction aux désirs de la Faculté.

Avec la tendance actuelle, tendance absolument justifiée et nécessitée par l’évolution continuelle des sciences médicales, la spécialisation devient nécessaire. Depuis 1918, la Commission, présidée par M. Krug, a réalisé toutes les transformations et il est intéressant de constater que les transformations des services hospitaliers ont marché de pair avec les créations d’enseignements.

La Faculté de Nancy est la première qui a réalisé, pour donner aux médecins désireux de se consacrer à certaines spécialités médicales et chirurgicales, des diplômes spéciaux. Ces diplômes s’appellent « Attestations d’études médicales spéciales ». Ces attestations sont délivrées avec les mentions suivantes :

1° Ophtalmologie; 2° Electro-radiologie; 3° Chirurgie; 4° Gynécologie; 5° Médecine infantile; 6° Chirurgie infantile et orthopédique; 7° Oto-rhino-laryngologie; 8° Urologie; 9° Dermatologie et syphiligraphie ; 10° Maladies tuberculeuses ; 11° Obstétrique. Pour obtenir une attestation, il faut faire un stage d’un an dans une clinique de la Faculté.

En 1872, une charge de cours complémentaire d’ophtalmologie était créée à la Faculté. C’est en 1898 seulement que cet enseignement fut élevé au rang d’enseignement magistral. Le professeur Rohmer fut le premier titulaire de la chaire. La clinique était installée dans le Pavillon Brullard-Balbâtre ; elle fut, depuis quelques années, complètement transformée. C’est actuellement une magnifique clinique d’enseignement pourvue d’un très riche matériel.

C’est en 1894 qu’un cours complémentaire de médecine infantile était créé puis installé dans le Pavillon Virginie-Mauvais. En 1906, cette clinique complémentaire était transformée en chaire magistrale et confiée au si regretté professeur Haushalter. Depuis la dernière guerre, la clinique infantile est installée dans un grand bâtiment nouvellement construit par les Hospices. L’aménagement de cette clinique permet l’hospitalisation de très nombreux enfants malades dans des conditions parfaites. Les locaux consacrés à l’enseignement sont particulièrement développés. C’est un centre important de lutte contre la mortalité infantile.

Le départ de la clinique médicale infantile dans ses nouvelles installations, en 1930, permit aux Hospices d’attribuer tout le Pavillon Virginie-Mauvais à la clinique de chirurgie infantile et d’orthopédie qui put ainsi prendre tout le développement nécessaire. Deux grandes cliniques furent ensuite aménagées à côté de la clinique médicale infantile pour l’oto-rhino-laryngologie et l’urologie. Ces deux cliniques magistrales créées à la Faculté peu de temps après la guerre constituent à l’heure actuelle deux centres d’enseignement importants avec salles d’opération, services de consultation et laboratoires.

Dès 1895, la Faculté créa un cours dont le titulaire fut chargé du service des consultations pour électrothérapie et électrodiagnostic.

Les applications de la radiographie à la chirurgie furent étudiées à Nancy dès la découverte de Rœntgen, par le professeur Guilloz, qui, une des premières victimes des rayons X, fut un des titulaires du prix et de la médaille de la fondation Carnegie.

Au moment de la fondation de la Faculté, dans l’ancien Hospice Saint-Julien, fondé en 1588 sur l’emplacement occupé actuellement par l’Hôtel des Postes, fonctionnait un enseignement des maladies des vieillards. Cet enseignement est devenu un cours complémentaire de clinique des maladies des vieillards. Il a sa clinique dans le nouvel Hospice Saint-Julien, élevé près de l’Hôpital central et ouvert en octobre 1900. Cet établissement réunit trois classes de la population nancéienne, la classe aisée, la classe de condition moyenne, la classe pauvre. Les bénéfices réalisés avec les deux premières servent chaque année à améliorer la troisième, conception des plus heureuses au point de vue assistance. Depuis quelques années fonctionnent à Saint-Julien une clinique médicale de propédeutique et une consultation de neurologie.

La Maison départementale de Secours dont l’origine remonte à 1624, reçut, dès le transfert de la Faculté de Strasbourg, la clinique d’accouchements. La chaire d’accouchements et la clinique d’accouchements avaient été maintenues à Nancy comme chaire de clinique obstétricale et gynécologique. Stoltz, titulaire à Strasbourg, était resté titulaire à Nancy. Au moment de sa retraite, les deux enseignements théorique et clinique furent réunis en une seule chaire dont J. Herrgott fut titulaire et auquel succéda son fils le professeur Alphonse Herrgott.

En 1906, le vœu si longtemps émis de voir créer une nouvelle maternité était enfin entendu. En 1907, la construction en était décidée. Le professeur Hergott en a présenté le premier projet et les premiers plans. Les bâtiments devaient s’élever sur un terrain acquis près de l’ancien domaine du Grand Séminaire. Les travaux commencés en 1914 furent interrompus pendant la durée des hostilités. Repris en 1920, ils furent terminés en 1928. La nouvelle Maternité est un établissement magnifique faisant honneur à la ville, au département, à l’Université. C’est une des plus belles Maternités d’Europe. L’administration en est départementale. Elle a fait une très large part à l’enseignement. La clinique d’obstétrique y est installée dans des conditions remarquables.

A la Maison de Secours, outre la clinique d’accouchements, se trouvaient les services spéciaux pour affections syphilitiques, cutanées, scrofuleuses et cancéreuses. Dès 1905, la Municipalité de Nancy, sur l’initiative prise en 1904 par son ancien maire Hippolyte Maringer, faisait l’acquisition d’une immense propriété appartenant aux. Dames du Sacré-Cœur. Dans cette propriété donnée par la ville aux Hospices civils, la Commission administrative créa, d’une part, l’hôpital Villemin, hôpital-sanatorium, d’autre part, l’hôpital Hippolyte-Maringer où furent transférés les services spéciaux de la Maison de Secours. C’est le 1er avril 1914 que la clinique de dermatologie et de syphiligraphie était transférée dans le nouvel Etablissement où fonctionnaient aussi dès cette époque une clinique médicale et une clinique chirurgicale complémentaires devenue clinique de propédeutique chirurgicale. L’Hôpital Maringer s’est transformé ultérieurement par suite de la création de l’Hôpital Fournier. L’Hôpital-Sanatorium Villemin était sur le point d’être achevé à la mobilisation de 1914 ; de rapides travaux provisoires le mirent en état de fonctionner pendant toute la durée des hostilités comme Hôpital de contagieux. A ce titre, il rendit de très grands services. L es travaux furent repris dès le printemps de l’année 1919 et, à la fin de l’année, le pavillon d’hommes était ouvert et, au printemps de l’année suivante, le pavillon des femmes l’était à son tour.

A côté de l’Hôpital Villemin, se trouve le Dispensaire antituberculeux de l’Office départemental d’hygiène sociale.

Du point de vue de la lutte antituberculeuse, l’Hôpital Villemin est complété par le Sanatorium de Lay-Saint-Christophe, très agrandi, dont le fondateur a été le professeur Paul Spillmann, président de l’Oeuvre lorraine des tuberculeux. C’est en 1919 que le Sanatorium a été confié à l’Administration des Hospices.

L’Hôpital Villemin, l’Hôpital Hippolyte-Maringer, l’Hôpital A. Fournier constituent un ensemble hospitalier important affecté aux maladies transmissibles. En octobre 1926, la Commission administrative procédait à la transformation des locaux de l’ancienne Ecole des Mutilés de la Guerre, construits en 1915 et sans affectation depuis la fermeture de cette école en 1927. Ainsi se trouva constituée une clinique des maladies contagieuses avec chambres d’isolement.

En 1922, la Commission administrative avait mis à l’étude :

a) La construction, à l’Hôpital civil, d’un nouveau pavillon destiné à recevoir

la clinique de médecine infantile, la clinique d’oto-rhino-laryngologie et d’urologie,

le service de radiologie centrale.

b) La construction, à l’Hôpital civil, de deux importants groupes opératoires.

c) La réorganisation du service des consultations gratuites et des salles d’opération de la clinique ophtalmologique.

d) La création de l’Hôpital A. Fournier.

Dès 1923, les travaux étaient commencés. Le 16 juin 1924, le nouveau service des consultations gratuites de médecine et de chirurgie était ouvert. En janvier 1925, les deux groupes opératoires dont la construction avait été entreprise en 1923, étaient mis à la disposition des deux cliniques chirurgicales de la Faculté. En septembre 1925, l’Hôpital A. Fournier entrait en fonctionnement avec sa clinique de dermatologie et de syphiligraphie. En novembre 1925, l’administration hospitalière ouvrait son nouveau service de consultations gratuites. Ie nouveau service opératoire de la clinique d’ophtalmologie fonctionna en mai 1927.

Le  10 juin 1924, grâce à une donation importante de Mme veuve Boulanger (donation du 19 juillet 1910), le professeur Vautrin, mandataire de la donatrice, organisait, avec la Commission administrative des Hospices civils, une clinique de gynécologie avec dispensaire. Quelque temps après, il créait le centre anticancéreux de Lorraine dont il fut le premier directeur. Ayant obtenu de certains industriels de la région de l’Est des subventions importantes, il pouvait, avec le concours du Ministère de l’Hygiène, acquérir du radium. Ce centre anticancéreux est administré par un Conseil d’Administration, présidé par le Doyen de la Facuité de Médecine, et composé de délégués de la Municipalité, de la Faculté de Médecine, de la Commission administrative, de l’Office départemental d’Hygiène sociale. Placé à proximité des services de médecine et de chirurgie générales, en étroite communication avec l’Institut gynécologique, ce centre peut mettre à leur disposition ses moyens de traitement et a toute facilité d’hospitaliser les malades dont il assure la responsabilité du traitement.

En mai 1930, les services, réservés l’un à la clinique d’oto-rhino-laryngologie, l’autre à la clinique d’urologie, pouvaient fonctionner.

Un pavillon spécial est annexé à ces cliniques pour le service des consultations gratuites, si importantes pour leur fonctionnement.

La Faculté fut autorisée à organiser un enseignement des maladies mentales à l’Asile des aliénés de Maréville. Par décision ministérielle en date du 13 août 1878, un des médecins chefs de l’Asile fut chargé d’un cours pratique et théorique. De 1895 à 1905, par suite de difficultés entre l’Administration de l’intérieur et celle de l’instruction publique, l’enseignement des maladies mentales n’eut plus lieu à Maréville mais à l’Hospice Saint-Julien. Grâce à l’appui du directeur de l’enseignement supérieur Liard, cet enseignement a été rétabli à Maréville et il y est toujours fait, pour le plus grand bien des étudiants, par un des médecins chefs de l’Asile qui a le titre de chargé de cours.

Dès 1902, tous les services administratifs de la Faculté de Médecine, tous les laboratoires étaient réunis rue Lionnois. Depuis 1930, tous les services cliniques dépendant de la Faculté et de la Commission sont réunis dans le même quartier, proches de la nouvelle maternité.

On pourrait regretter que ce remarquable centre d’instruction médicale fût un peu éparpillé : les bâtiments de la Faculté et les différents hôpitaux qui lui sont rattachés sont sépares les uns des autres par des rues très passagères, par des groupes de maisons et même par la voie ferrée Paris-Strasbourg. Il était impossible de faire autrement, les premiers aménagements ayant été conçus d’une façon beaucoup trop restreinte. L’avenir n’avait pas été prévu avec l’ampleur désirable. Le même reproche peut, d’ailleurs, être adressé à ceux qui ont dispersé les différentes Facultés aux quatre coins de la ville. Si l’Université de Nancy était groupée dans le même quartier, elle formerait un ensemble unique. Dans le cours de ces dernières années, de gros efforts ont été faits pour rassembler tous les locaux dont la Faculté de Médecine constitue le centre tout naturel. Le jour où la Faculté de Pharmacie sera reconstruite à côté de l’Hôpital Central, les erreurs commises il y a quarante ans seront en partie réparées. L’ensemble actuel comprend, d’une part, la Faculté et l’Hôpital central, d’autre part, l’Hôpital des vieillards, la Maternité et les trois hôpitaux consacrés aux maladies contagieuses, à la tuberculose et aux maladies vénériennes.

Bien que les Services d’Hygiène sociale ne fassent pas partie de la Faculté, il est indispensable de signaler qu’ils jouent à Nancy et dans tout le département un rôle de première importance. Ils fonctionnent d’ailleurs dans les hôpitaux, sont dirigés par des membres du corps enseignant et peuvent recevoir les étudiants au cours de leur scolarité. Ces différents services ont été créés par l’Office départemental d’Hygiène sociale sous l’impulsion du Doyen Fr. Gross, son premier président, et du professeur J. Parisot, son président actuel. L’Office départemental comprend plusieurs sections qui gardent chacune leur autonomie mais qui sont soumises à la même gestion administrative. Les Présidents de section font tous les ans, à l’Assemblée générale de l’Office, un rapport sur le fonctionnement de leur service ; les différents budgets sont entre les mains du Trésorier de l’Office. La Section antituberculeuse a son dispensaire central à l’Hôpital Villemin; la section antivénérienne a son dispensaire central à l’Hôpital Fournier. Ces deux dispensaires sont spécialisés. Le dispensaire antituberculeux a des centres annexes dans différent s quartiers de la ville. Le dispensaire antisyphilitique a comme annexe le dispensais antiblennorragique de l’Hôpital Fournier, le dispensaire de la Maternité consacré à la lutte contre la syphilis infantile et le centre de la Maison d’arrêt. La lutte antituberculeuse est dirigée par le Professeur d’hygiène et de médecine préventive ; la lutte antivénérienne est confiée au Professeur de clinique des maladies syphilitiques et cutanées. Des dispensaires polyvalents ont été créés dans tout le département, dans les villes importantes et dans les grands centres industriels. On y fait à des jours différents des consultations antituberculeuses et antivénériennes. Cette importante organisation a permis d’obtenir des résultats remarquables. A ces deux sections, il faut ajouter la section de protection de l’enfance placée sous la direction du Professeur de clinique médicale infantile. Elle a à sa disposition des pouponnières et de très nombreuses consultations de nourrissons. Une quatrième section s’occupe de la lutte anticancéreuse. Elle est dirigée par le Professeur d’anatomie pathologique. Le centre anticancéreux dont il a déjà été question comprend actuellement des salles de consultation, des laboratoires, une salle de radiothérapie profonde et des salles d’hospitalisation qui vont être considérablement agrandies. L’Office départemental a créé récemment une section d’Hygiène mentale, une section de propagande. Une section d’Hygiène dentaire est en voie de réalisation. A côté de la Faculté de Médecine et des Hôpitaux, en liaison avec leurs différents laboratoires ou services cliniques, l’Office départemental a ainsi réalisé une vaste organisation de lutte contre les maladies sociales qui est souvent citée connue modèle en France et à l’étranger.

Depuis de longues années, la Bibliothèque de la Faculté était réunie aux bibliothèques des autres Facultés formant la Bibliothèque universitaire, les étudiants en médecine ne profitaient qu’incomplètement de cette bibliothèque. Grâce aux efforts de notre actif et dévoué doyen actuel, la Bibliothèque de la Faculté de Médecine aura son local particulier. Elle sera établie à côté des laboratoires de la Faculté, de l’Institut anatomique, de l’Institut d’Hydrologie, de la nouvelle Maternité, de l’Institut d’Hygiène, de l’Institut dentaire, de l’Hôpital central, du Centre Villemin-Maringer-Fournier. Son installation des plus modernes comprend une salle de travail pour étudiants, un cabinet de lecture pour les professeurs. Elle est terminée depuis le 1er avril 1932.

L’activité de la Faculté de Médecine de Nancy ne s’est pas démentie un seul instant depuis l’année 1872. Après avoir été pendant quarante-six ans la Faculté française d’avant-garde, elle a eu le périlleux honneur, au cours de la grande guerre, d’assurer une partie de ses enseignements à moins de vingt kilomètres des lignes sous les bombardements par avions et par canons à longue portée. Une flatteuse citation à l’ordre de la nation constitue un de ses plus beaux titres de gloire. Les nobles traditions médicales y sont jalousement conservées. Plusieurs de ses maîtres, parmi les meilleurs, ont été appelés dans d’autres Universités. La plupart sont restés fidèles à la terre lorraine. Leur plus grand désir est de conserver à la Faculté où ils ont été élevés la place qu’elle doit conserver parmi les grands centres français d’enseignement. De nombreux congrès scientifiques ou professionnels ont tenu leurs assises à Nancy. Des savants et des médecins souvent venus de très loin ont voulu rendre hommage aux efforts considérables réalisés dans les domaines de la science médicale. La vieille Société de Médecine qui, avant la guerre de 1914, centralisait tous les travaux des maîtres nancéiens a vu se fonder à côté d’elle de jeunes sociétés dont l’activité ne cesse de grandir : réunion biologique dont le professeur Jolly vient de célébrer le 30ème anniversaire, société d’ophtalmologie de l’Est, société de gynécologie et d’obstétrique, réunion de dermatologie et de syphiligraphie. De nombreuses publications témoignent de leur incessant développement. Depuis quelques années, des réunions médicales annuelles groupent plusieurs centaines de médecins venus de toute la région pour se tenir au courant des nouvelles méthodes de recherche, de diagnostic et de traitement. Des conférences et des démonstrations resserrent, de très heureuse façon, les liens qui doivent étroitement unir le corps professoral et le corps des médecins praticiens. Tous les ans, nombreux sont les professeurs et leurs collaborateurs qui, dans les congrès nationaux et internationaux, vont porter le bon renom de la Faculté de Médecine. Ainsi se maintient, par delà les années, la renommée du centre d’enseignement médical lorrain, digne successeur de la vieille Faculté de Pont-à-Mousson et des Collèges royaux de Médecine et de chirurgie de Nancy.

L’énumération des transformations et des créations, forcément un peu sèche, permet de se rendre compte de l’essor de la Faculté de Médecine depuis 1872. Alors qu’elle comptait seize chaires, en 1932 elle comporte vingt et une chaires. En 1872, il y avait neuf professeurs adjoints; actuellement, il y a treize cours complémentaires, quatre cours de cliniques complémentaires, sept agrégés chargés d’enseignement, plus l’Institut dentaire qui comporte douze conférences.

Au lendemain de la guerre, quand plusieurs professeurs de Nancy partirent pour la Faculté de Strasbourg, on avait cru dans bien des milieux que les deux Facultés ne pourraient vivre et que la Faculté lorraine serait sacrifiée. Il n’en a rien été. Cette dernière a montré quelle était sa vitalité et les deux institutions peuvent se développer parallèlement.

En 1872, les étudiants en médecine étaient au nombre de 185. En 1931, les étudiants sont au nombre de 438.

Il y a eu une véritable transfusion de sang en 1872 quand la Faculté de Strasbourg est venue à Nancy et depuis la Faculté de Nancy n’a fait que prospérer. Au point de vue clinique, grâce à la Commission administrative des Hospices civils, la Faculté a à sa disposition environ 2642 lits. En 1872-1873, les cliniques de Faculté recevaient : Saint-Charles : 691 malades; Saint-Léon : 555 malades. En 1888, les cliniques du nouvel hôpital recevaient 2961 malades; en 1898 : 5257; en 1913-1914 : 9000 malades. En 1931, les malades traités à l’Hôpital central étaient de 10526. Le groupe Hôpitaux Maringer, Fournier, Villemin et Sanatorium de Lay-Saint-Christophe soignaient 3608 malades. Ces chiffres se passent de tout commentaire; ils sont assez éloquents par eux-mêmes ; ils montrent quelles sont les ressources de l’enseignement clinique à Nancy.

En 1872, tout était presque à créer ou à améliorer. De 1872 à 1932, les Doyens qui se sont succédés à la tête de la Faculté ont tout fait pour la doter de laboratoires bien installés, bien équipés. Actuellement ces laboratoires suffisent aux besoins de l’enseignement, mais ils sont perfectibles et seront perfectionnés.

La Faculté de Médecine de Nancy garde fidèlement les traditions de ses anciens professeurs ; elle fait marcher de pair la recherche scientifique et la préparation technique des futurs médecins. Elle s’est donné comme but le développement de la science désintéressée et l’enseignement de la médecine. C’est une lourde tâche que les professeurs actuels accomplissent avec la ténacité propre au caractère lorrain pour faire honneur à l’Université de Nancy, à la Lorraine et à la France.

 


Article trouvé sur l’excellent site: http://www.professeurs-medecine-nancy.fr/Faculte_Medecine.htm

 

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